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Entre Loire et Vilaine

La presqu'île guérandaise – la Grande Brière

 

Nouvelle page en construction (mars 2007)

 

Les marais près de chez moi

Photo Anita Russon  

Dans les marais de Brière : persistance de l'eau lors d'un printemps pluvieux.

 

Voyageant à travers la Bretagne en 1847, Gustave Flaubert et Maxime du Camp préférèrent souvent marcher à pied "par un de ces bons sentiers comme nous les aimons, un de ces sentiers qui montent, descendent, tournent et reviennent, tantôt le long d'un mur, tantôt dans un champ, puis entre des broussailles ou dans le gazon, ayant tout à tour des cailloux, des marguerites, des orties, sentiers vagabonds faits pour les pensées flâneuses et les causeries à arabesques" (Par les champs et par les grèves).

Arrivant par la vallée de la Loire, ils traversèrent d'abord la Loire-Inférieure avant de pénétrer successivement dans les quatre autres départements bretons. En un temps où on n'avait pas jugé bon de remplacer les anciennes provinces par des Régions au découpage arbitraire, la Bretagne formait une entité historique d'une absolue cohérence que les tenants d'un rattachement de l'actuelle Loire-Atlantique au reste de la péninsule s'efforcent de réhabiliter contre les vents et les marées des pesanteurs administratives.

Ma Bretagne, celle que parcourent mes livres, est donc cette Loire-Atlantique dont certains soutiennent qu'elle n'est pas purement bretonne. C'est vrai que sa partie est procède géographiquement de la vallée de la Loire, et que sa partie sud, au-dessous de ce fleuve, a, par ses paysages, par son habitat, par son climat même, un caractère très différent de celui de la région élue par moi : le pays d'entre Loire et Vilaine.

Les pays, plutôt. Car cette vaste portion de notre département rassemble des paysages singuliers, à l'identité forte : entre le pays de Vilaine au nord et le littoral atlantique s'allongeant de l'embouchure de la Loire jusqu'à la pointe du Croisic au sud, se placent les marais salants de la presqu'île guérandaise – le Pays Blanc – et ces autres marais si différents qui forment la Grande Brière – le Pays Noir. À l'est de la Brière, je distingue un autre pays, généralement ignoré, celui de la vallée du Brivet, cette modeste rivière qui est le dernier affluent de la Loire et à laquelle je consacre les pages de ce site regroupées sous le titre Autour du Brivet. On comprendra mieux l'importance que j'y attache quand on saura que j'y réside...

Mon roman, Les chemins noirs du Pays Blanc, évoque cette remarquable étendue de marais salants occupant la dépression située entre Guérande et la pointe du Croisic, tandis que Chemin des douaniers prend pour décor le sentier côtier s'étirant entre Saint-Nazaire et Pornichet. Quant à Maléfices en bords de Loire, récemment paru, il se situe dans les marais de la rive nord de la Loire, à hauteur du charmant petit bourg de Lavau-sur-Loire. Certes, dans ces romans où l'intrigue compte avant tout, il ne m'était guère possible de m'attarder longuement dans des descriptions de paysages. D'où la raison des présentes pages qui évoquent à travers quelques photos des lieux à découvrir pour ceux qui ne les connaissent pas encore.

Ou à redécouvrir, pour ceux qui croient les connaître. Car il nous faut adopter la démarche des deux voyageurs évoqués ci-dessus, non pour le choix de l'itinéraire – en touristes précurseurs, Flaubert et du Camp avaient soigneusement préparé leur trajet, décidant par avance de ce qu'il "fallait voir" –, mais par le choix du moyen de déplacement : à pied, par les chemins. Ou à vélo, c'est permis.

Nous avons besoin de lenteur pour saisir les  visages méconnus, intimes de ces régions, traquer les mille petits détails, les mille petites beautés qui participent à un grand tout admirable. On peut, on doit se mettre en quête de ces petits coins de nature qui, s'ils n'ont pas la grandeur, la splendeur de lieux trop fréquentés par les foules, comme la pointe du Raz, comme le cap Fréhel, n'en sont pas moins d'une tendre et fragile beauté, et d'autant plus émouvants qu'ils sont secrets, mais aussi menacés, car nul ne se souciera de préserver d'aussi exigus territoires.

 

autre page à voir :     Autour du Brivet

Le Pays Blanc : coup d'œil sur la presqu'île guérandaise

 

Une saline près de Mesquer

Beauté géométrique d'une saline près de Mesquer

Photo Anita Russon                     

 
Le Pays Blanc : ainsi appelle-t-on la vaste étendue de marais salants occupant la dépression située entre Guérande au nord-ouest et la Côte Sauvage au sud au long de laquelle s'échelonnent Le Pouliguen, Batz-sur-Mer et Le Croisic. C'est entre la pointe du Croisic et la presqu'île de Pen-Bron que s'ouvre le goulet par lequel pénètrent à marée haute les eaux océaniques. Plus au nord, d'autres marais salants de moindre étendue, ceux de Mesquer et Saint-Molf, sont alimentés par l'étier de Pont-d'Arm s'ouvrant entre la pointe de Merquel et la pointe de Pen-Bé.

 

Les promeneurs n'ont pas souvent le bonheur d'atteindre l'endroit représenté ci-contre. Il faut résolument s'écarter des sentiers battus et s'enfoncer profondément au cœur du Pays Blanc pour découvrir, en bordure du Grand Traict ou du Petit Traict, ces digues patiemment édifiées dans les siècles passés et dont la longueur totalise 27 km. Mais la récompense est au bout et on se sent une âme de découvreur lorsque, après s'être frayé son chemin dans les herbes hautes des talus qui dessinent un étonnant labyrinthe, on atteint enfin ce merveilleux ouvrage sur le faîte duquel on se plaît à cheminer. Lors des fortes marées, cette digue est battue par les eaux. Sa fonction est de protéger l'ensemble des bassins salicoles des effets catastrophiques des tempêtes. Digue des marais salants
Un cui Les vasières communiquent avec les étiers ou avec la saline par des conduits qui étaient autrefois des troncs d'arbre évidés, comme celui-ci qu'on a, de nos jours, remplacé par un banal tuyau de PVC.
La Grande Brière Argile craquelée
 

Deux images pour faire la transition entre le Pays Blanc et le Pays Noir : ci-contre, argile craquelée dans les marais salants ; ci-dessous, vase craquelée dans les marais de Brière.

 

Vase craquelée

 

Communs au Pays Blanc et à la Brière, deux instruments de repassage

Fabriquée pour celle qui est représentée ci-dessous à gauche par les anciens potiers d'Herbignac, dans la Loire-Inférieure d'autrefois, la "platène", dite aussi "platille", était constituée d'un dôme de terre cuite vernissée supporté par trois pieds. On chauffait l'objet en le posant sur un lit de braises, dans la cheminée. Lorsque la platène était suffisamment chaude, on la sortait de la cheminée et on "détirait" le linge, pour le défroisser, sur la surface bombée de la calotte vernissée. Instrument de repassage à part entière, cet objet a sa place dans les collections de fers à repasser, mais il est devenu rare, tout autant que le "fer" (si l'on peut dire) creux, ci-dessous à droite, dans la cavité duquel on plaçait des braises et que l'on utilisait de la manière classique en le passant et repassant sur le linge posé à plat sur une table. Ce "fer" de terre cuite, admirable pièce de collection, était également fabriqué par les potiers d'Herbignac.

 

 

 

 

Près de chez moi, en bordure de la Grande Brière, le paysage change chaque hiver lorsque l'eau vient recouvrir les marais. Les fossés prennent des allures de petites rivières et les terrains bas se transforment en lacs. Des presqu'îles, des îles parfois, se dessinent, et la région retrouve pour un temps, en partie, le visage qui devait être le sien autrefois, avant le creusement des canaux et l'assèchement des marais. Par un matin froid et ensoleillé, j'aime à me promener, appareil photo en bandoulière, prêt à saisir un effet de lumière, un reflet de soleil sur une étendue liquide inerte, le scintillement des gouttes de rosée sur l'herbe blanchie par le givre, ou les rides concentriques produites sur l'eau par la fuite éperdue d'un oiseau surpris par mon approche.

Amarré sur la berge du Brivet, cette petite rivière qui se jette dans l'estuaire de la Loire à Saint-Nazaire, le chaland, ce bateau à fond plat d'usage dans les marais de Brière, n'est qu'une modeste embarcation vouée aux courts voyages dans l'univers silencieux des roseaux. C'est en esprit qu'il faut s'embarquer pour la grande aventure, à la découverte d'un monde caché aux yeux de l'automobiliste pressé. Chalands en Brière
Héron cendré Le Héron cendré se rencontre très fréquemment dans les zones humides de la Loire-Atlantique. On a recensé près de 2 500 couples dans le département. Cet animal "au long bec emmanché d'un long cou" s'observe en Brière, comme sur la photo ci-contre, ou dans les marais salants de Guérande où sa haute taille et son attitude hautaine ne manquent pas d'attirer les regards des promeneurs.
autre page à voir : Un regard sur nos marais

 
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* JeanLucRusson@aol.com

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