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Brocante passion

Page modifiée en mars 2007

Avertissement : Je ne vends ni n'achète rien, et je ne fais pas d'estimations. Ne me demandez pas ce que vaut l'armoire de votre grand-mère, je ne vous répondrai pas !

Le visiteur de ce site aura remarqué que la brocante occupe une certaine place dans mon œuvre écrite. Trois de mes titres, Grains de sable, Place Viarme, le marché aux puces de Nantes, et Nantes, rue des Orties, explorent ce vaste domaine en même temps que des lieux, connus ou ignorés, de Nantes. Si ce visiteur a déjà parcouru la page Autobiographie que j'évoque dans l'accueil, il saura que j'ai pratiqué une activité de "marchand de hasard" pendant quinze ans.

C'est un métier qu'on ne saurait pratiquer sans en être passionné... encore que je connais certains brocanteurs qui affirment que leur plus cher désir serait de faire autre chose, ou, mieux, de ne rien faire du tout. Une position de rentier leur conviendrait parfaitement. Pour ma part, j'ai aimé cette activité, et il était inévitable qu'on en trouve un reflet dans mes écrits.

Grains de sable est un polar dont l'action est située en plein cœur du monde de l'antiquité de Nantes. Je crois que j'ai moins voulu attribuer un décor précis à une intrigue criminelle que je n'ai souhaité écrire une histoire qui me permettrait de mettre en scène des antiquaires, des amateurs et des professionnels de la brocante et de la curiosité, et les lieux autour desquels gravitent ceux-ci. Ces lieux sont le marché aux puces de la place Viarme, une salle des ventes aux enchères, le quartier des antiquaires de la rue Mercœur et de ses environs, et aussi une de ces "folies" des alentours de Nantes, belles demeures édifiées jadis par ces riches bourgeois qui n'auraient su vivre autrement qu'entourés de beaux meubles et de beaux objets, de tableaux et d'œuvres d'art que des héritiers conservent encore jalousement... à moins qu'on ne les disperse dans des ventes — ou qu'on ne les vole.

Ma collection de faïences Une partie de ma collection de porcelaines de Saint-Uze. Fabriquées dans la Drôme, ces "terres de fer" étaient vendues par colportage dans toute la France et on les trouve à des prix abordables.
Dans Nantes, rue des Orties, le marché aux puces est à nouveau très présent, servant de décor à une série d'événements insolites préfigurant, en apparence, d'autres actes beaucoup plus sinistres. Là encore, brocanteurs, antiquaires, collectionneurs mais aussi objets, participent à une intrigue qui débouche sur une conclusion inattendue et quasi surréaliste. Et puis ne trouve-t-on pas dans cette histoire une très belle marchande de poupées anciennes prénommée Alizée, mais que l'on surnomme Parenthèse, parce que sa boutique s'appelle (Entre parenthèses) ?

D'autres personnages pittoresques croisent dans ce thriller la route du lieutenant de police Élisée Loudéac, peu familier du monde de la brocante, qui se retrouve plongé à la fois dans un milieu professionnel décalé dont les règles lui sont inconnues et dans une intrigue criminelle qui le met en présence de cadavres peu ragoûtants. Par exemple, celui de Nounours, l'une des victimes : Nounours le brocanteur au cerveau gros comme un petit pois – quand il secoue la tête, on entend un bruit de grelot. Ou celui de Zita, sa collègue, une lesbienne qui sait ce qu'elle veut et pratique le métier mieux qu'un homme : bâtie comme elle est, elle vous manipule une armoire normande sans efforts. Il y a encore Courtes-Pattes, le nabot, intermédiaire pseudo-professionnel qui, à force de mettre son nez un peu partout, finit par se retrouver enfermé en pièces détachées dans une malle. On rencontre aussi l'antiquaire Potier, un des plus "gros" marchands de la place de Nantes qui, en effet, grossit chaque jour un peu plus et se déplace à bord d'une voiture minuscule. Ne pas oublier Victor Vlordjak, l'agrégé de lettres classiques devenu brocanteur spécialisé dans l'objet de qualité et assez satisfait de lui-même.

Les portraits que je fais des professionnels de la brocante sont outrés, bien entendu. Nous sommes dans un roman, ne pas l'oublier. Mais la magie du monde des objets anciens est une réalité, n'en doutez pas. Si vous y êtes insensibles, chers visiteurs, vous êtes bien à plaindre !

Ces deux ouvrages sont des polars. Il en va différemment de Place Viarme, le marché aux puces de Nantes.

Ce livre est la concrétisation d'une vieille idée : traduire à travers l'écrit et la photographie tout un monde de passion qui, pour être géographiquement limité, n'en est pas moins représentatif de l'ensemble du vaste univers de la "chine". Que l'on soit Nantais ou Parisien, Français ou étranger, que l'on soit un assidu de la belle foire à la brocante de Barjac, dans le Gard (dont je garde de beaux souvenirs), ou que l'on soit l'un de ceux qui consacrent tous leurs week-ends à courir les vide-greniers de province, on est guidé par un même désir et un même besoin, échapper aux griffes de l'ordinaire d'un quotidien par trop banal, pour explorer les rivages secrets d'un monde étrange et fascinant, porteur de rêve et de féerie, riche de poésie et d'insolite.

De ce fait, Place Viarme ne pouvait être un simple guide de l'antiquité comme il en existe déjà, un livre de recettes et d'astuces, un répertoire de conseils et de bonnes adresses. Au contraire, j'ai voulu réaliser un travail très personnel, en livrant ma propre vision des choses, j'ai voulu tenter d'entraîner mes lecteurs à ma suite pour une balade hors des sentiers battus, à la croisée des chemins du temps et du hasard, au carrefour des connivences et des fièvres de l'obsession. Y ai-je réussi, ce n'est pas à moi de le dire. J'ai fait de mon mieux, certainement, même s'il y avait mieux à faire.

J'ai maintenant cessé mon activité de brocanteur, mais je suis resté un arpenteur des chemins du temps et j'ai voulu témoigner d'une passion, qui est aussi une culture. Car, que l'on fréquente le marché aux puces de Nantes ou celui d'une autre ville, on peut y venir yeux et oreilles fermés, comme ce "petit retraité" que j'évoque dans mon livre, archétype de l'individu à qui tout ce qu'il y a ici d'insolite et de poétique restera à jamais indiscernable. Mais on peut aussi y venir les yeux et l'esprit grands ouverts, prêt à saisir toute la magie et tout l'étrange d'un lieu décalé.

Ce qui n'interdit pas la critique et l'ironie sans méchanceté, car par ce carrefour passent les individus les plus divers, dont tous ne suscitent pas l'admiration. Mais les petitesses humaines ne me paraissent pas sans attraits, et il y a ici, place Viarme ou ailleurs, tout un vivier de types humains aptes à exciter l'intérêt de l'observateur parfois caustique que je suis, et à venir compléter la galerie des personnages que l'on peut croiser dans mes écrits.

Un sourire place Viarme, au hasard d'un déballage à même le sol.

Un sourire


 
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* JeanLucRusson@aol.com

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