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Photo de couverture

Grains de sable

éditions du Petit Véhicule, Nantes 1999

Cette photo ornant la couverture a été prise par moi sur le marché aux puces de Nantes.

Texte de la quatrième de couverture

Albin Doulon est un homme heureux. À quarante ans, cet antiquaire nantais, élégant, raffiné, aimé des femmes, peut se féliciter de sa réussite professionnelle. « En somme, se dit-il ce matin-là, qu’est-ce que je demande à la vie ? Fort peu de choses. J’aime vivre au milieu de la beauté, celle des femmes, celle des objets. L’argent ? J’en ai plus qu’il ne m’en faut. »

Un seul point noir : Natacha, sa superbe vendeuse qui, inexplicablement, semble réfractaire à son charme, bien qu’elle ait tendance à se montrer jalouse des amitiés féminines d’Albin. Mais Doulon ne doit pas accorder trop d’importance à ce qui n’est qu’un minuscule grain de sable dans une vie bien réglée. Pourtant, s’il savait ce qui l’attend… S’il se doutait des désagréments que va lui apporter sa rencontre apparemment fortuite, sur le marché aux puces de la place Viarme, avec un inconnu à l’élégance tapageuse qui manifeste tous les signes d’une grande nervosité…

Comme le dit le commissaire Fonducœur, « la mécanique la mieux huilée finit par s’enrayer, à cause d’un simple grain de sable, parfois. » Et c’est là qu’on s’aperçoit que les gens ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent être. Ni ce qu’ils voudraient qu’on croie qu’ils sont.

Extrait du texte

L’opération s’était déroulée au mieux. Le chef de l’équipe ne s’était pas attendu à rencontrer de difficulté particulière, tant la préparation en avait été soignée, comme toujours. Mais il n’avait pas pour autant renoncé à ses habitudes de prudence, un aléa restant possible. Le fameux grain de sable qui enraye les plus belles mécaniques...

Ce soir, tout s’était passé à la perfection, et en douceur. La surveillance à laquelle on avait soumis le gardien s’était révélée payante : elle avait permis de découvrir le goût de l’homme pour les boissons alcoolisées, qu’il cachait soigneusement à ses employeurs. S’introduire avec l’aide d’un passe-partout et en son absence dans le pavillon qu’il occupait à l’entrée de la propriété avait été un jeu d’enfant, et le narcotique versé dans sa bouteille de whisky avait commencé à produire son effet bien avant l’heure à laquelle il avait coutume de lâcher les chiens dans le parc. Ceux-ci enfermés dans leur chenil, les fils du téléphone coupés pour éliminer tout risque, il avait suffi de pénétrer à nouveau dans le pavillon du gardien et de ligoter l’homme sans même qu’il se réveille. On avait alors neutralisé le système d’alarme qui protégeait la propriété en l’absence de ses occupants, en voyage pour plusieurs jours. Les grilles avaient été ouvertes le temps nécessaire pour permettre au camion d’entrer, puis refermées derrière lui, et un homme laissé sur place avec mission de faire le guet sans se montrer.

Le reste de l’équipe s’était alors déployé à l’intérieur de la vieille bâtisse dont la porte d’entrée n’avait pas résisté longtemps à l’action conjointe des pieds de biche. Le chef avait le plan des lieux dans la tête et savait exactement où se trouvaient les meubles et objets à enlever. Rien n’avait été mis par écrit, naturellement : un bout de papier s’égare trop facilement. La formidable mémoire du chef de l’équipe valait tous les calepins du monde. Sans presque avoir besoin de parler, il avait indiqué du geste à ses hommes ce qu’ils devaient faire. Les fauteuils Louis XIII, les bougeoirs et parures de cheminée du XVIIIe, les tapisseries des Flandres, la harpe d’époque Charles X, le tapis de la Savonnerie, l’argenterie avaient été transportés dans le camion à la suite du bureau Louis XVI, des commodes Empire et de tous les petits meubles du genre bureau dos d’âne ou chiffonnier d’un placement si facile et sans risque. C’est justement pour éliminer les risques qu’on s’était gardé d’enlever un certain nombre de meubles de bien plus grande valeur, mais trop caractéristiques, ou de tableaux trop connus pour être revendus. On s’était contenté de décrocher les petites toiles plus ou moins anonymes, mais de bonne facture, qui trouveraient aisément preneur sans susciter de questions.

Pendant que ses hommes procédaient à la manutention, le chef s’était personnellement chargé de l’ouverture du coffre dont il avait aisément découvert la cachette et qui ne lui avait opposé qu’une brève résistance. Les bijoux les plus intéressants s’étaient retrouvés enfermés dans un sac de toile. Quant à l’argent liquide, qui formait une grosse liasse, il avait été transféré dans la poche intérieure du blouson de l’homme ; il procéderait ensuite au partage avec les membres de son équipe, c’était dans les conventions avec son employeur qui leur abandonnait sans contrôle ce « pourboire ».

Maintenant, le camion chargé remontait tous feux éteints l’allée en direction de la grille. L’homme de guet fit signe que tout allait bien. Pendant qu’on ouvrait les grilles et faisait sortir le véhicule, le chef prit le temps d’enlever ses liens au gardien qui dormait toujours et de brancher à nouveau le système d’alarme. Si l’homme se réveillait trop tôt, il ne s’apercevrait d’abord de rien : ce serait autant d’heures de gagnées pour mettre le butin à l’abri.

La chance aidant, la petite route reliant la propriété pillée à la départementale fut parcourue sans que l’on fît la moindre rencontre. Il en avait été de même à l’arrivée, lorsqu’ils avaient accompli le trajet dans l’autre sens. C’était là la partie la plus délicate de l’affaire, éviter de se faire voir à proximité des demeures et des châteaux « visités ». Mais une rencontre indésirable n’aurait pas forcément de conséquence fâcheuse. On prenait systématiquement des précautions contre cela. Le camion était d’un modèle courant, récent et sans marques distinctives, exactement identique aux milliers d’autres qui circulaient quotidiennement dans la région. En plus, on changeait systématiquement ses plaques après chaque opération, et de temps en temps on le repeignait, toujours dans une teinte neutre. Non, ce n’était pas à cause du véhicule qu’on pourrait identifier les déménageurs.

Dans la cabine, le chef procéda au partage égal de la liasse de billets de banque entre ses hommes et lui. Cela aussi, c’était l’usage : en cas de pépin, s’il fallait se disperser en abandonnant le butin, chacun pourrait fuir le plus loin possible en ayant sur soi de quoi voir venir sans avoir à commettre d’imprudence. Encore une bonne précaution.

À présent, le camion filait à une allure normale sur la route départementale conduisant vers Nantes. Rien ne pressait, la planque ne se situait pas loin, et on aurait tout le temps de camoufler la marchandise avant sa réexpédition par petits lots, dans les jours et semaines qui suivraient. Décidément, c’était une affaire qui tournait rond : jamais de pépin, pas le moindre petit grain de sable venant contrarier le déroulement des opérations. Du cousu main.

(page 19)

Vous trouverez un autre extrait de ce livre sur mon stand Planetexpo

Extraits de critiques

C’est un bon roman on ne peut plus nantais. Jean-Luc Russon signe là un superbe polar dans le milieu des brocanteurs de la Place Viarme. En écrivant ces Grains de sable, il nous emporte dans cet univers de greniers et de caves déversés, à travers une partie de la vie d’un certain Albin Doulon et d’une jolie Natacha. Dans ce polar, avec quelques cadavres, on croisera aussi le commissaire Fonducœur, le dénommé Jean-Pierre Pirmil, madame Van Der Stuyft, ce Ducor ou encore ce Roger Caramanli, mafieux vite explosé sur le quai de la Fosse dans un boui-boui, Le Hibou Vert. Ce qu’il y a de bien dans cette œuvre, c’est la limpidité d’écriture, le style et le plaisir que l’on découvre au fil des pages de ce monde si proche et finalement si loin. Le suspens est de mise et le nœud de l’intrigue particulièrement étonnant. À lire au plus vite.

(Extrait d’un article signé Stéphane Pajot, paru dans Presse-Océan le 15 avril 1999)

 

« Grains de sable », un roman policier dont l’action se situe dans le milieu de la brocante, à Nantes et ses environs et qui met en scène un antiquaire mêlé à une affaire d’assassinat. Un livre délicieux…

(Extrait d’un article paru dans Ouest-France, édition de Saint-Nazaire, le 26 septembre 2000)  


 
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