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Page modifiée le 14 juin 2005

Nantes, rue des Orties

thriller paru en juin 2005 aux éditions D'Orbestier 

dans la série Carbone

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    Deux des "étranges victimes" de cette stupéfiante histoire

Résumé

Un tueur en série aurait-il choisi dexercer son action sur le fameux marché aux puces de Nantes ? Cest ce quon pourrait penser si la nature étrange des "victimes" quon y découvre ne tendait à faire croire plutôt aux actes dun mauvais plaisant. Mais le lieutenant Élisée Loudéac, de la Brigade criminelle, policier atypique aux méthodes non conventionnelles, poète et rêveur, se persuade très vite que ces apparents canulars cachent une réalité sinistre.

Au cours de son enquête, il va croiser divers personnages singuliers et découvrir en même temps le monde étrange de la brocante et de lantiquité, assister à des scènes cocasses, pénétrer peu à peu les arcanes dun univers décalé, et aussi découvrir successivement les corps dindividus morts dans des conditions ignobles. Il va aussi faire la connaissance dune jeune et jolie marchande de poupées anciennes surnommée Parenthèse qui ne le laissera pas indifférent.

Mais quel but poursuit le tueur ? Choisit-il ses victimes au hasard, ou bien au contraire suit-il un plan précis ? Face à lassassin qui sest institué lesclave dun homme singulier, génial et dément, ainsi que le gardien impitoyable dun lieu ignoré, stupéfiant, surréaliste, la Ville infinie, les acteurs de cette histoire vivront une conclusion dramatique née de la conjonction de la démesure, du dérisoire et de la folie.

Extraits du texte

Physiquement, Nounours surprenait : il mesurait près de deux mètres en hauteur, et en circonférence à peu près autant. Pourtant, son corps vaguement cylindrique ne donnait pas tant une impression d'obésité que de puissance. Il possédait une grosse tête posée directement sur un torse impressionnant se prolongeant par un large bassin, le tout reposant sur les solides piliers de ses jambes. Personne ne disait que c’était un bel homme, mais on ne le trouvait pas plus laid qu’un autre. Et on le prisait dans la profession à cause de sa force herculéenne. On recourait souvent à ses services, quand il se trouvait des meubles pesants à déplacer ou un débarras pénible à effectuer.

De cette stature impressionnante lui venait son surnom, bien sûr. On aurait plutôt dû l’appeler l’Ours, ou le Grizzli. Mais Nounours s’était imposé. On trouvait ça mignon.

C’est en raison de sa force physique exceptionnelle qu’Alain Dalberfeuille le recruta le jour où il s’aperçut qu’il lui fallait se faire aider pour mener à bien le « gros coup » sur lequel il venait de tomber. Il se présenta alors une légère difficulté, car Nounours, on l’a dit, se caractérisait par son honnêteté, et la ténuité de son intelligence ne l’empêcha pas de percevoir qu’il y avait quelque chose de pas tout à fait légal dans ce qu’ils se préparaient à faire. Mais Dalberfeuille n’eut pas beaucoup de mal à trouver les arguments qui firent taire ses scrupules. C’est ainsi que marche le monde : il suffit de présenter les choses sous le bon angle.

Dalberfeuille n’eut pas à se fatiguer pour convaincre Zita, sa deuxième recrue, elle aussi choisie, en partie, pour sa musculature. Pour elle, ça ne posait pas de problème, s’il se trouvait du fric à palper au bout. Cette fille savait ce qu’elle voulait.

S'il n'avait pas beaucoup de cervelle, Nounours avait un cœur, et des sentiments. Et aussi des désirs. Un, notamment : il désirait Zita, et cela depuis des années.

Certes, Nounours avait une vie sexuelle, et même assez intense. Sa force physique évidente faisait se mouiller plus d’une petite culotte, et tant pis pour la trivialité de l’expression. Il excitait terriblement ces dames du monde de la brocante, et il tirait son coup sans avoir à se mettre en frais. Elles lui tombaient toutes dans les bras, un jour ou l’autre, elles s’engloutissaient avec délices dans sa masse impressionnante, chaviraient en poussant des cris extasiés, se liquéfiaient sous ses caresses étrangement douces, s’enflammaient comme des torches en sentant son organe disproportionné aller et venir en elles sans qu’il y eût pourtant rien de brutal dans ce labourage de leur intimité. Car Nounours, malgré son apparence, se montrait un amant très satisfaisant, expert, attentionné, délicat. Et ses succès ne se cantonnaient pas à l’intérieur du monde de sa profession. Les dames de tout âge chez qui il lui arrivait de faire une adresse ne se montraient pas indifférentes, et plus d’une bourgeoise du Cours Saint-Pierre l’avait entraîné, toute frétillante d’excitation, dans ses draps parfumés pour une partie de jambes en l’air mémorable. Trois éjaculations, trois orgasmes, c’était le tarif pour un quart d’heure, et ces dames de la bonne société nantaise gardaient de l’affaire un souvenir impérissable. Ah ! Voilà qui les changeait des molles étreintes de leurs maris ou de leurs amants du moment ! Les prestations de Nounours reléguaient au rang de balbutiements les tringlages anémiques des banquiers, financiers, médecins ou avocats de la bonne société ligérienne. Bien sûr, le bouche à oreille fonctionnait, on signalait la chose à toutes ses amies, et c’est pour ça que Nounours réussissait si bien professionnellement.

(Extrait du chapitre 5)

— N’avancez plus !

L’ordre brutal brisa net l’état d’hébétude dans lequel Loudéac s’engloutissait depuis trop longtemps. Soudain arraché à sa contemplation fascinée, il ramena, mais trop tard, son attention sur ce qu’il aurait dû voir plus tôt : ces trois personnes qui se tenaient au-dessous de lui, à une trentaine de mètres de distance. Ces deux jeunes femmes, et cet homme inconnu qui immobilisait d’une seule main Parenthèse, la maintenant devant lui, s’en servant comme bouclier, et brandissant de l’autre main un pistolet de gros calibre dont le canon le visait. Dans un geste instinctif, Loudéac porta la main sous sa veste, là où aurait dû se trouver, dans son étui de cuir, son arme de service oubliée dans son appartement.

[...] la situation semble sans issue pour Élisée, désarmé, impuissant. Aurait-il son arme que cela ne changerait rien : Parenthèse se trouverait dans sa ligne de tir. Jamais il n’oserait tirer quand même : il se sait trop maladroit pour atteindre une cible. Serait-il un as du tir qu'il ne voudrait pas prendre le risque ne serait-ce que d’égratigner l’épiderme de la femme qu’il aime.

Loudéac se fait d’amers reproches. Pourquoi est-il venu tout seul en ce lieu ? Pourquoi n’a-t-il pas pris d’élémentaires précautions, comme avancer à couvert, surveiller les abords ? Mais non, subjugué, ébahi, il s’est promené le nez en l’air, comme un touriste. Et voilà le résultat ! On se retrouve en face d’une arme de gros calibre capable de propulser à très grande vitesse un morceau de métal qui provoquera les plus gros dégâts en atteignant sa cible, le cerveau de cet imbécile d’Élisée qui mériterait bien qu’on le punisse de cette façon pour sa bêtise si ce n’était pas quand même embêtant quelque part.

Car, ne nous leurrons pas, cet homme armé ne ratera pas son coup, il fera mouche dès la première balle. Et alors, exit le lieutenant Loudéac, et ça c’est fâcheux, car celui-ci avait justement des projets : petit a, clore son enquête ; petit b, arrêter l’assassin ; petit c, délivrer Florence Irigny, qui se tient là aussi, à moitié libre, mais désemparée et pas en position de faire quoi que ce soit d’utile ; et enfin, petit d, dernier projet du lieutenant, et le plus important : déclarer, un genou à terre et la main sur le cœur s’il le faut, à la jeune Alizée, dite Parenthèse, qu’elle représente en tout point son idéal féminin, qu’elle réunit en elle toutes les plus belles qualités de l’être qu’on désire aimer et que, si elle y consent, le lieutenant de police Élisée Loudéac, 32 ans, actuellement célibataire, aimerait bien l’épouser, avec la ferme intention de vivre heureux auprès d’elle et de vieillir, mais pas trop vite, on a le temps, à ses côtés.

Seulement voilà, les circonstances ne sont pas favorables pour faire cette importante déclaration. Cette scène ne peut pas se jouer en présence de ce malfaisant armé.

Loudéac examine les options, peu encourageantes. Se jeter sur le fâcheux, il n’y faut pas songer. Parcourir trente mètres à la course, même si l’on est rapide, prend plus de temps que n’en met une balle de pistolet pour effectuer le même trajet en sens inverse. Se mettre à l’abri en sautant au bas de cet absurde tentacule minéral ? La balle le cueillera au vol, et même si Loudéac réussit à l’esquiver, il ne faudra que quelques secondes au tueur pour gagner un point d’où il aura à nouveau le policier dans sa ligne de tir.

Qu’est-ce qu’il reste ? Négocier.

Loudéac ne sait pas que là-bas, bien trop loin, son ami Niveldeau, Dorgnon et une petite troupe de policiers viennent de prendre conscience du problème. Surgissant dans la partie à l’air libre de la carrière, ils comprennent que les choses se présentent mal. Dorgnon a le réflexe d’imposer l’immobilité et le silence à ses hommes. On ne peut tenter d’abattre le tueur à cette distance, car on n’a que des armes de poing, pas de fusil à lunette. D’ailleurs, la plupart de ces policiers tirent comme des pieds, malgré l’entraînement au stand de tir. On n’a personne du GIPN avec soi, manque de pot. À la rigueur, on serait heureux de bénéficier du renfort de membres du GIGN, malgré les tiraillements avec les rivaux de la gendarmerie, mais non, on n’a pas ça non plus. Alors, il faut y aller en douceur. En quelques gestes, Dorgnon déploie ses hommes qui entament un mouvement d’approche devant se terminer en manœuvre d’encerclement. Ça va prendre du temps, et le résultat n’est pas garanti.

Donc, négocions, pense Loudéac. Discutons. Argumentons. Essayons d'abord de gagner du temps.

— Qui êtes-vous ? lance Loudéac.

— Je m’appelle Chien-Fidèle, répond l’homme.

(Extrait du dernier chapitre


 
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