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Page créée en octobre 2008
Coucher de soleil sur la Loire

Maléfices en bords de Loire

roman policier paru en octobre 2008 aux éditions D'Orbestier 

dans la série Carbone

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Résumé

En arrivant par hasard au manoir de Saint-Évardin, isolé dans un marais des bords de Loire, Pierre-Louis Madeg croit avoir atteint enfin un lieu où il pourra retrouver la paix de l'esprit. Mais dès le premier soir, un événement fantasmagorique – le passage de ce qui est peut-être l'Ankou, le convoyeur des morts des légendes bretonnes – vient remettre en question cet espoir. Pierre-Louis rencontrera dans les jours suivants nombre de personnages étranges, pittoresques, parfois inquiétants... Mais aussi la jeune et lumineuse Julie, pupille de Rose Le Bihan, son hôtesse.

Qui s'introduit la nuit dans la propriété ? Quels secrets cachent les vieux murs du manoir ? Et Pierre-Louis ne vient-il pas, à son corps défendant, d'amener lui-même le malheur et la mort à Saint-Évardin ? Surmontant ses peurs, saura-t-il démasquer ceux qui agissent dans l'ombre ?

Dans un décor paisible de marais, à proximité du petit bourg de Lavau-sur-Loire, vous plongerez dans les péripéties d'une belle histoire d'amour et de haine qui trouve ses racines dans le passé. Ou comment une tragédie ancienne trouve un étrange écho dans des événements contemporains. 

Début du deuxième chapitre

L’homme, immense et squelettique, se dresse à l’avant de la charrette, les jambes écartées afin de maintenir son équilibre en dépit du cahotement du véhicule sur les ornières du chemin. Il brandit dans l’une de ses mains une faux emmanchée à l’envers, avec le tranchant en dehors. L’attelage est constitué de deux chevaux placés l’un devant l’autre – en flèche –, l’un très gras, l’autre efflanqué. Celui-ci, placé en tête, est tenu par la bride par l’un des deux compagnons allant à pied de l’homme maigre. Il guide l’attelage, alors que son compère se charge d’ouvrir les barrières et aussi les portes des maisons.

L’homme dans la charrette n’est qu’une haute silhouette noire : de son visage, plus qu’à demi masqué sous les rebords du large chapeau également noir, on ne voit que la partie inférieure sous la forme d’une tache livide où ne se distingue aucun détail. Il ne tourne la tête ni à droite ni à gauche.

Le silence est absolu, et pourtant meublé d’un unique bruit, sinistre, horrible : ce wik ! wik ! wik ! produit par l’un des essieux mal graissé de la carriole.

Terrifié, Pierre-Louis comprend que l’Ankou, le convoyeur des trépassés, est en chemin pour s’emparer de lui, le charger dans sa charrette et lui faire franchir les portes de la mort avant celles de l’enfer où sa place est depuis longtemps réservée.

Mais à mesure que l’attelage progresse, il se métamorphose. Les chevaux rapetissent, se fondent dans le néant. La charrette aussi se transforme, diminue de taille, sans que le son de cet essieu mal graissé, ce wik ! wik ! wik ! horripilant, change le moins du monde. Quant à l’homme noir, maintenant seul et délesté de sa faux, il tire par ses deux brancards la charrette à bras qui s’approche toujours cependant qu’un chien, au loin, hurle à la mort.

Pierre-Louis, figé au milieu du chemin, fait face à l’Ankou qui se dirige droit sur lui. Un sentiment d’inéluctable l’envahit : il ne se soustraira pas au sort que l’homme maigre et noir lui réserve. Celui-ci, maintenant tout proche, le surplombe et Pierre-Louis voit que l’ombre portée par le rebord du chapeau est trouée par deux braises ardentes qui le brûlent.

– Tu ne croyais tout de même pas que tu allais pouvoir t’en tirer comme ça, Madeg ?

Telles sont les paroles prononcées par la terrifiante apparition. Étrangement, la charrette a disparu à son tour, tout comme se sont effacés les chevaux et les autres hommes. Ils ne sont plus qu’eux d’eux, Pierre-Louis, pétrifié, et l’homme noir : l’Ankou.

Maintenant, ils luttent corps à corps. La terreur primitive qui habitait Pierre-Louis a fait place à une peur d’un autre genre, moins insidieuse, qui laisse s’exprimer son instinct de survie. Il lui faut se battre contre l’homme noir et le vaincre absolument, il lui faut se soustraire au sort qui sera le sien s’il ne parvient pas à le dominer, car ce que son adversaire lui réserve, ce n’est pas le trépas, c’est pire : c’est l’enfer dans lequel il se trouvera précipité sans avoir auparavant franchi les portes de la mort.

Car l’homme noir n’est pas l’Ankou, finalement. Non, il porte un autre nom, il s’appelle Garcia, Pierre-Louis le sait. Il est revenu pour lui demander des comptes, et si Pierre-Louis lutte contre lui, c’est en vue d’un seul but : préserver sa dignité reconquise, ne pas replonger dans cet enfer qu’a été sa vie pendant trop longtemps.

Cet enjeu si important lui donne des forces. Et soudain, l’homme noir, qui vient de faire un pas en arrière pour prendre du champ, heurte du talon un obstacle au sol et part à la renverse en battant des bras. Il y a un étrange bruit sec quand il heurte du dos et de la tête le sol, comme d’une branche qui casse, et Garcia ne bouge plus.

Hébété, Pierre-Louis contemple à présent ce rocher qui troue la surface du sol : cet affleurement de granit érodé, creusé par l’usure des siècles, strié de fissures dans lesquelles coule un liquide rouge qui ne peut être que du sang. Le corps de Garcia a disparu, comme soudain gommé. Ne reste que cette pierre érodée, et ce sang, ce sang…

– On l’appelle « le Rocher de l’Homme mort », dit Rose Le Bihan qui s’approche en tapant de l’embout de sa canne, à chaque pas, le sol caillouteux.

– Ce rocher a une histoire, dit-elle encore. Mais je vous ne la raconterai pas.

Mais Pierre-Louis ne la connaît que trop, cette histoire.

Le charmant bourg de Lavau-sur-Loire
 

Le charmant petit bourg de Lavau-sur-Loire, où il ne se passe habituellement rien d'inquiétant. Il faut bien toute la perversité d'un auteur pour y situer tant de drames et de faits effrayants.


 
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* JeanLucRusson@aol.com

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